Quelle bonheur ce fut récemment de voir Patrick Cantlay gagner le Championnat de la Coupe Fedex et mettre ainsi la main sur la bourse du vainqueur des séries éliminatoires du golf de la PGA. Une incroyable performance au cours de laquelle il a rapporté 15 cartes consécutives en deçà de 69 ou mieux! Force est d’admettre que ses ennuis avec son dos semblent, pour l’instant, être derrière lui.
Une descente aux enfers
Promu à un bel avenir dans le circuit de la PGA, Cantlay a dû cependant combattre l’adversité autant physique que mentale après sa phénoménale carrière amateur. Numéro 1 mondial amateur pendant 55 semaines consécutives (un record), le prodige émanant de UCLA a cependant eu, au début de sa carrière pro en 1992, des problèmes physiques qui ont failli mettre sa carrière en péril.
Lors d’un échauffement en deuxième ronde du tournoi Colonial de cette même année, il a senti un coup de poignard dans le bas de sa région lombaire qui l’a, finalement, forcé au repos complet pendant plusieurs mois. Diagnostic : fracture de stress de L5.
Pathophysiologie : Qu’en est-il?
En tant que physiothérapeute spécialisé en réadaptation des golfeurs, je vois régulièrement des blessures de la région lombaire. Quelque 25% des golfeurs expérimenteront à un moment ou l’autre ce type de désagrément.
Dans le cas de Cantlay, la fracture de stress de L5 résulte d’un stress trop important. Généralement, dans le cas des golfeurs professionnels, ce type de blessure est la résultante de mouvements répétés et intenses fragilisant l’os. La vertèbre présente alors des petites fissures qui seront visibles lors d’une scintigraphie osseuse (radiographie avec capteur radioactif), un IRM ou une tomodensitométrie (TACO).
Normalement, les os sont capables de s’adapter aux stress appliqués sur ceux-ci. Ils se remodèlent continuellement pour s’adapter aux charges qui leur sont induites. Cependant, si l’intensité ou la quantité de l’activité augmente de façon trop soudaine, les micro-stress engendrés sur les os n’ont pas le temps de cicatriser correctement, ce qui entraîne les fissures potentielles que la vertèbre L5 de Cantlay a subi. En comparaison, chez les coureurs, on entend souvent parler de fracture de stress aux tibias ou encore de périostite.
Facteurs de risques
Pour les golfeurs de tout âge, ce type de blessure est possible et implique des causes diverses :
– Augmentation importante de la durée, de l’intensité et de la fréquence de l’effort reliées au golf.
– La multiplication des activités pouvant causer une surcharge sur les structures osseuses soit par phénomène compressif ou par force de cisaillement.
– Course à pied.
– Entraînement en lourde charge (squat, haltérophilie).
– Sports impliquant le même stress mécanique torsionnel qu’au golf (tennis, badminton, volleyball, squash).
– Un manque de nutriments en calcium, vitamine D.
– La présence de troubles osseux comme l’ostéoporose.
– Une mauvaise mécanique d’élan surchargeant la région lombaire.
– Un équipement de golf mal adapté à votre physique.
Traitement :
Le traitement est essentiellement du repos afin de laisser le temps à l’os de se reconstruire. Dans le cas de Cantlay, une première pause de 3 mois ne fut pas suffisante et les douleurs se sont même mises à irradier vers sa jambe, ce qui l’a forcé à une pause beaucoup plus longue de près d’un an.
Malgré la présence d’une formidable équipe autour de lui, son corps fut incapable de s’adapter suffisamment. Les séances quotidiennes de physiothérapie, la réintégration graduelle des activités et un changement d’élan furent des facteurs qui ont contribué à son retour.
Ce retour ne se fit pas sans heurt. Le décès de son caddy et ami Chris Roth en 2016 en traversant la rue en sa présence, ajouta au portrait de sa condition. L’aspect psychologique négatif en lien avec son problème de dos augmenta suite à cet évènement. Les amis et son équipe furent d’une précieuse aide pour l’aider à revenir dans la meilleure condition de jeu possible.
Les mots à retenir pour vous:
Dans le contexte actuel pandémique, plusieurs d’entre vous reprendront progressivement les différentes activités de la saison hivernale qui est à nos portes. Cette pause forcée pour certains sports ou activités peut représenter un risque de blessure de ce type. Afin de prévenir la fracture de stress sur vos os, voici quelques lignes directrices à suivre :
– Recommencer graduellement vos activités même si celles-ci vous sont familières.
– Ne jamais négliger l’échauffement avant la pratique de votre sport en effectuant de façon graduelle en force et vitesse les gestes propres à celui-ci.
– Pour les personnes qui présentent des raideurs, quelques exercices de flexibilité post-sport peuvent être envisageables. Je recommande également, de façon régulière, les massages avec balle au sol ou au mur ou l’utilisation de rouleau de massage pour dégager votre dos et les restants de votre corps.
– Prenez le temps de consulter votre équipe. Soit pour adapter votre équipement à vous ou pour vérifier l’état physique de votre corps (Ça, c’est mon travail!)
– Ne négligez pas une bonne alimentation qui est le carburant pour bien entretenir votre corps et vos os.
Et rappelez-vous :
Votre corps s’adapte dans la mesure où vous lui laissez le temps de s’adapter au stress appliqué.
N’hésitez pas à me consulter pour bien préparer votre saison hivernale et préparer la prochaine de golf, je suis disponible pour vous à la clinique de physiothérapie du Lac St-Charles et de Stoneham.
Bon golf
Daniel Audet pht
Formé TPI médical niveau 3
Clinique de physiothérapie du Lac St-Charles et de Stoneham à Québec
418 849-0009 – dboyaudet@hotmail.com