Margate, Floride – «Quand je travaille, des gens me saluent et me parlent de l'époque où ils jouaient au niveau junior. Souvent, tant qu'ils ne m'ont pas dit leur nom, j'ai bien de la difficulté à me rappeler d'eux. Par contre, dès qu'ils se présentent et me disent leur nom, les souvenirs remontent vite et là, je suis même capable de dire pour quel club ils jouaient à l'époque.»
Lorsqu'il s'installe au trou numéro un du golf La Tempête, à Lévis, où il agit comme préposé aux départs, Claude Langlois doit parfois fouiller loin, loin dans sa mémoire quand se pointent des golfeurs qu'il a côtoyés il y a bien des années. L'exercice ne lui déplaît pas car il adore se rappeler des souvenirs de toutes ces années vouées à sa passion qu'est le golf.
Assis dans sa florida room (qui donne évidemment sur un trou de golf) de son condo à Margate, près de Pompano en Floride, Claude Langlois affiche un visage tout pétillant en relatant ce genre d'anecdote. Et ce sera ainsi tout au long de l'entrevue. Des anecdotes amusantes, des souvenirs mémorables et des histoires merveilleuses, il vous en sert à la tonne! Car du monde dans le golf, il en a connu un tas, des terrains, il en a joués un paquet, et des événements particuliers, il en a vécus bon nombre.
50 ans de dévouement
À 74 ans, quand il regarde derrière, quand il plonge dans son passé, Claude Langlois y voit plus de 50 ans de dévouement envers le golf. Il a été de toutes les instances ou presque: AGQ, AGP, RCGA… Et de tous les comités: tournois, règlements, juniors… En plus d'être membre à plusieurs clubs: Cap-Rouge, Orléans, Beauce, Saint-Michel, Lorette, Stasny…
Cette implication s'est faite alors qu'il travaillait dans la vente et quand l'heure de la retraite a sonné, pas question de s'arrêter. Il a oeuvré comme responsable des règlements chez les pros du Québec puis s'est retrouvé aux départs de La Tempête dès l'ouverture de ce club en 2005.
«À La Tempête, je voulais faire cela une année ou deux et, finalement, j'y suis toujours et je devrais y être encore le printemps prochain», lance-t-il en ajoutant qu'il «est un privilégié de faire ce travail sur un aussi beau et prestigieux parcours de golf».
Les francophones
Tout a débuté pour lui alors qu'il était membre sur l'île d'Orléans, à Sainte-Pétronille. Il avait décidé de donner un coup de main à Louis-Philippe Gingras, ce dernier ayant mis sur pied le circuit junior de la région de Québec. Plusieurs se rappelleront ce fameux Circuit Gingras qui a finalement conduit Claude Langlois jusqu'à la tête de l'Association du golf au Québec, aujourd'hui appelée Golf Québec.
En effet, après avoir travaillé dans différents comités (surtout celui des juniors, bien sûr) pour cet organisme gérant le golf dans la province, il en est devenu président en 1981 et 1982. Et quand il raconte ces années à ce poste, il souligne deux points plus particulièrement: la création de deux nouveaux districts et la place des francophones.
«La région de l'Abitibi était associée à l'est de l'Ontario pour ses activités de golf, précise-t-il. C'était un non-sens. L'Abitibi s'est jointe à nous et nous en avons profité pour créer un autre district, celui de Côte-Nord et Bas-Saint-Laurent. Des gars comme Ben Boudreau, à Rimouski, devaient parcourir des distances incroyables pour faire de la compétition à Québec. On devait corriger cette situation.»
Claude Langlois rappelle qu'à cette époque, il n'y avait pas beaucoup de personnes parlant français autour de la table à l'AGQ. Il a tenu à y remédier.
«Ce n'était pas une question de tasser les anglophones, précise-t-il, c'était juste que j'avais la conviction que les francophones devaient s'impliquer davantage dans leur association. J'ai juste poussé dans le dos de quelques-uns pour qu'ils se joignent à nous, pour que d'autres francophones viennent travailler pour le golf au Québec.»
Nicklaus, le grand
L'entrevue (ou plutôt la conversation…) va bon train et Claude Langlois débite l'une après l'autre ses histoires de golf. Il aime rappeler ce moment où il a débuté comme arbitre pour l'AGP et que le directeur du circuit, Jean Trudeau, voulait lui présenter les joueurs. «Il n'a pas eu à le faire, dit-il, tous les joueurs me reconnaissaient, je les avais côtoyés quand ils étaient juniors! Les Jean-Louis Lamarre, Rémi Bouchard et autres, je les connaissais tous déjà!»
Puis il y va de cette fois où il avait conduit le convoi de l'AGP en une seule journée de Rouyn-Noranda jusqu'au Manoir Richelieu, en passant par la route du nord; puis cette fois où il avait joué le plus beau terrain de sa vie, soit le Kananaski, dans les Rocheuses canadiennes, après une victoire de l'équipe québécoise; ensuite vient cette fois où il se trouvait, bouche bée, tout juste derrière Tiger Woods, lors d'un Omnium canadien, impressionné par la force et la qualité de frappe de la vedette.
«Mais le plus grand, c'est Nicklaus, tranche-t-il sans appel en parlant des joueurs renommés qu'il a déjà rencontrés. J'ai eu la chance de déjeuner avec lui. Il avait autographié pour ma fille des posters de lui. Ce qui est le plus spécial avec Nicklaus, c'est qu'une fois qu'il t'avait croisé, peu importe la durée de la rencontre, il se souvenait toujours de toi. Oui, un grand!»
La victoire
Mais de toutes ses histoires, la victoire de l'équipe québécoise au début des années 80, avec entre autres Pierre Trépanier et Graham Cooke, pendant qu'il occupait la présidence de l'AGQ, demeure celle qui domine toutes ces belles années.
«Cela faisait bien longtemps que le Québec n'avait pas gagné, rappelle-t-il. Depuis des années, on terminait toujours au troisième rang derrière l'Ontario et la Colombie-Britannique. Quand nous sommes revenus au Québec avec le trophée… (Là, un petit silence s'installe et une faible lueur illumine doucement le visage de Claude Langlois avant qu'il poursuive sa phrase.) …quand on a ramené la Coupe du championnat canadien à Montréal, c'était quelque chose! À l'AGQ, on en était très fiers!»
Il aurait pu continuer ainsi encore des heures, après tant d'années dans autant d'organismes, mais il faut bien se limiter aux contraintes de l'espace et du temps. Pour terminer, il fallait quand même lui demander son opinion sur la situation actuelle du golf. Comme lorsqu'il raconte ses anecdotes, il ne se fait pas prier mais, cette fois, il y a un peu d'hésitation, de réflexion.
«Il faut trouver une façon de rattacher à long terme les golfeurs à leur club et je crois que cela passe par la fierté. La fierté d'être membre à tel ou tel club. Comment s'y prendre? C'est avec le développement sauf que maintenant, le développement est trop axé sur l'élite. Il faut voir cela d'une façon plus générale», émet-il simplement, sans donner l'impression de dicter quoi que ce soit.
Puis il a regarde dehors et sourit. C'est normal, la vue donne sur un terrain de golf…
Line Théberge
Bonjour,
Toujours un plaisir à lire, merci.
guy royer
Très bon article mon ami Martial
Martial Lapointe
Merci Guy, c’est gentil. Je t’appelle bientôt…
Karin
So proud to know you and work with you. I hope I can find the site again to translate this from French to English. Either way Claude you are and have been a special person and I want to live my life by your rules on the course and off. You are the best.