Weston, Floride – Comme les pros, elle s'exécute de façon naturelle, en même temps de manière fluide et solide. Pas surprenant que Roxanne Jean se retrouve à la Honda Classic.
Comme les pros – comme les pros de l'animation – elle fait ses annonces tout en crescendo jusqu'à étirer longuement les dernières syllabes qui sortent franches, bien sonores, impossible de ne pas être attentif à Roxanne Jean, une femme dynamique de Laval qui, dans une semaine, annoncera les départs des joueurs de la PGA lors de la Honda Classic en Floride.
«Quand je fais cela, lance-t-elle, enjouée, je suis vivante! Écoutez, je passe mes journées de travail enfermée dans mon studio, au sous-sol de ma demeure. Alors me retrouver sur les tertres de départs de terrains prestigieux pour annoncer les joueurs de la PGA qui s'affrontent, c'est formidable!»
Hier mercredi, à 12h20, au club de golf Weston Hills, nous surveillions Anthony Brodeur prendre le départ lors des qualifications pour le PGA Tour Canada (Circuit Mackenzie) quand nous remarquons qu'à l'annonce de son nom, celui-ci est prononcé sans accent anglais, vraiment à la québécoise. Et c'est ainsi que nous avons rencontré Mme Jean.
«Quand ce sont des Québécois, précise-t-elle, je prononce vraiment leurs noms en français, sans connotation anglaise. Ils semblent apprécier!»
Peut-être n'avez-vous jamais vu Roxanne Jean, mais sûrement vous avez déjà entendu sa voix. «Je suis une comédienne de la voix», dit-elle fièrement avant de préciser qu'on peut l'entendre dans de nombreuses publicités, que sa voix résonne pour les instructions sur quelques marques de téléphones cellulaires et que c'est aussi sa voix qui s'exprime sur plusieurs systèmes GPS automobiles entre autres besognes qu'elle accomplit pour gagner sa vie.
Mais comment s'est -elle retrouvée là? Comment se fait-il qu'elle sera au PGA National, dans une semaine, pour être l'annonceuse officielle des départs de la Honda Classic?
Retour en arrière, à l'époque, explique-t-elle, où elle était une veuve du golf. Son compagnon de vie décide alors de lui donner un sac de golf comme cadeau d'anniversaire.
«J'étais fâchée, j'étais insultée, raconte-t-elle. Mais il a insisté, me demandant d'essayer au moins une fois le golf. Nous sommes allés frapper des balles… je n'ai pas aimé, pas du tout. Il a encore insisté pour que j'aille au moins essayer une fois sur un parcours. Là, j'ai adoré! J'ai tout de suite eu la piqûre!»
Concours de circonstances
Par la suite, elle deviendra membre au club de golf Le Blainvillier. Par un concours de circonstances, elle donne son nom comme personne bénévole pour l'Omnium Mackenzie qui se tient justement au Blainvillier. Alors que le tournoi est sur la veille de débuter, la personne responsable pour annoncer les départs ne se pointe pas.
«Quelqu'un a dit aux organisateurs, relate Roxanne Jean, que c'est mon métier d'animer des cérémonies et de faire des publicités. On m'a dit: tu fais deux départs, pas plus, et si ça ne marche pas, on trouve quelqu'un d'autre. Je suis restée en place pour tout le tournoi!»
Les gens de la PGA ont tellement apprécié qu'ils l'ont invitée à faire de même lors d'autres événements, jusqu'à même participer à un tournoi du circuit, soit le Corales Championship à Punta Cana en République Dominicaine.
«J'étais vraiment nerveuse, explique-t-elle. Là, c'était les ligues majeures! Mais à ce tournoi de la PGA, les gros noms n'y sont pas, ils disputent le World Championship. Alors je m'y suis fait la main, cela a très bien fonctionné.»
Déménagée en Floride pour quelques mois d'hiver, on lui a donc demandé d'annoncer les départs pour l'étape de qualification du Mackenzie Tour se déroulant au Weston Hills. Du coup, on lui suggère aussi de passer des auditions pour la Honda Classic.
«Je suis arrivée aux audiences, mentionne-t-elle, et on m'a demandé de faire un test. Cela a duré deux minutes, j'ai été acceptée. Moi, je croyais que je serai une remplaçante, une substitut mais, non, je serai là de manière officielle les quatre jours, je serai d'ailleurs au trou numéro 1 le samedi et le dimanche!»
De l'entregent, ce n'est sûrement pas cela qui manque chez cette dame débordante d'énergie. Alors avant les annonces officielles, on la voit, après avoir donné les consignes aux joueurs, placoter avec eux d'une manière amicale et agréable qui semble plaire aux compétiteurs.
«Toutefois, précise-t-elle, à la Honda Classic, il y a des règles très strictes à suivre. Je ne peux pas aborder les gars de la PGA, alors que des millions sont en jeu, comme je le fais ici pour ces qualifications.
«Il n'en demeure pas moins, continue-t-elle, large sourire au visage, que c'est tout un privilège d'être, finalement, la seule personne qui parle à chacun des joueurs du tournoi! C'est quand même spécial!»
Comme on l'annonce dans un autre texte, un joueur du Québec, Jean-Philippe Parr (monday-qualify), tentera sa chance lundi prochain pour jouer la Classic Honda. Que le jeune homme soit ou non à la Honda Classic, il y aura néanmoins une Québécoise à surveiller…