Québec – Ils rêvaient d'Amérique, ils ont abouti à Québec. «J'avais fait des démarches pour étudier à Michigan State. Mais quand un ami m'a parlé du programme de golf et études du Rouge et Or, j'ai aussitôt fait ma demande pour Laval.»
Celui qui parle est Arthur Heinkélé, jeune Parisien sur l'équipe du Rouge et Or depuis deux ans. L'ami dont il fait référence est Stanislas Caturla, un autre golfeur originaire de la France et qui a déjà évolué au sein de l'équipe du Rouge et Or et qui, du même coup, fait partie de ce qu'on pourrait parler de la filière française.
Car ils sont plusieurs, cousins français, à avoir bifurqué vers Québec quand leur intention première était d'étudier aux États-Unis. Les Alexix Anghert, Clément Hervioux, Gabriel Mocquart, Stanislas Caturla, Ugo Coussaud et Déborah Ephraim ont tous fait le saut à Québec pour contribuer aux succès de cette équipe de golf détenant de nombreux titres provinciaux (14!) et deux canadiens.
Récente victoire
Il y a aussi le coach de l'équipe, Élie Anquetil, Normand d'origine, que l'on pourrait associer à cette fameuse filière, même si lui n'est pas arrivé au Québec pour étudier à l'Université Laval, mais pour s'installer d'abord en Estrie. C'est avec lui que l'on prend contact pour rencontrer les quatre jeunes hommes d'outre-mer qui font partie du Rouge et Or golf cette année.
Les quatre gaillards se pointent à l'heure, polis et courtois tout au long de l'entrevue. Il y a d'abord Arthur Heinkélé, le »vétéran » de deux ans, accompagné des trois nouveaux, Baptiste Mory, de Lille, Alexis Rispal et Pierre Rabassa de Bordeaux. Quoi de mieux pour débuter que de les féliciter pour leur récente performance lors d'un stage en Floride.
En effet, le jeune Mory a remporté l'épreuve Don Benhow Invitational, un tournoi de la NCAA, en jouant moins deux au total des deux jours de compétition. En deuxième place, s'est glissé son confrère Heinkélé avec moins un.
On comprend aussi que si ces jeunes débarquent à Québec, c'est qu'ils ont un certain talent, tout de même. Tous les quatre se sont d'abord illustrés dans leurs circuits respectifs en France pour ainsi se mériter une place au sein du Rouge et Or. L'entraîneur Élie Anquetil souligne qu'il y a des critères de sélection à respecter avant de choisir des joueurs étrangers.
«Pour plusieurs d'entre eux, ajoute-t-il, ce sont les recommandations d'anciens joueurs ou des témoignages d'expériences passées dans le programme qui les ont motivés. Ici, on pousse surtout sur la qualité des programmes d'études de l'Université Laval. Beaucoup de Français veulent aller aux États-Unis, mais je pense que l'encadrement au niveau golf est meilleur que bien des programmes américains et que les jeunes peuvent sortir avec un diplôme qui vaut quelque chose.»
Engouement
Et après avoir parlé de la victoire, inévitablement, on jette quelques mots au sujet du climat québécois. «Pas trop dur, l'hiver?» Les regards rieurs s'échangent, les têtes hochent un peu, des soupirs s'échappent. «Bah! cette année c'était pas si pire», émet Arthur Heinkélé qui se souvient des rigueurs de l'hiver 2014-2015.
Avec entre autres Victor Dubuisson ou, encore, Alexander Levy, qui s'illustrent sur la scène mondiale, le golf français connaît un certain engouement. Autant du côté de l'élite que des amateurs, le golf semble connaître un regain.
«Il y a une dizaine d'années, explique Baptiste Mory, la fédération a mis sur pied des programmes pour améliorer le développement des joueurs et aujourd'hui, on voit les résultats.»
«Les clubs se sont aussi très démocratisés, mentionne pour sa part Arthur Heinkélé. Cela a créé plus d'affluence sur les terrains et, du lot, d'excellents joueurs en sont ressortis. Et il y a la Ryder Cup qui se tiendra en France qui contribue à promouvoir ce sport.»
Autre titre canadien
Certes, tous quatre adorent leur sport, aiment la compétition, mais aucun ne croit poursuivre dans le golf une fois la diplôme en poche.
«On va sûrement continuer dans la compétition amateur, précise Alexis Rispal, mais je crois que l'on va davantage se concentrer sur notre carrière professionnelle.» Et cette carrière risque d'être dans le milieu des affaires ou quelque chose proche comme la finance avec ces jeunes qui étudient tous en administration.
Avec la nouvelle saison qui arrive, chacun a ses objectifs de bien faire, évidemment, mais l'un de ces buts visés domine plus particulièrement.
«Ce serait bien de gagner nous aussi un titre canadien», lance Arthur Heinkélé qui, avec les autres membres de l'équipe, s'envolera dans quelques semaines pour la Colombie-Britannique où se tiendra le championnat canadien.
Bien sûr, au retour en France, pendant les vacances d'été, défendre les couleurs de leur club respectif fait partie de leurs priorités. «Faudra battre La Boulie!», lance alors Arthur et Baptiste, sourires en coin, avant d'expliquer que chacun a déjà connu de bons moments en, justement, venant à bout de l'équipe de ce club qui semble parmi les favoris de France.
Nicolas
Bonjour,
Peut-on véritablement parler de filière française puisque visiblement aucun d’entre eux n’a l’ambition ou le niveau pour jouer sur le circuit pro.
Il ne s’agit pas d’un jugement mais je me pose la question car dans de nombreux sports on reproche souvent aux athlètes français d’être faible psychologiquement et de manquer d’ambition alors que la technique est là (exemple criant au tennis).
Merci d’avance