La Tuque – «L'autre jour je jouais avec des jeunes hommes, ils étaient dans le début vingtaine, et l'un d'eux avait vraiment un beau swing. Je lui fais alors remarquer qu'il s'élançait très bien et il me répond: «C'est normal, à l'âge de 10 ans j'ai suivi quelques cours de golf avec vous!»
Un brin de fierté brille dans les yeux de Jean-Marie Laforge. Ce souvenir récent le flatte, pas de doute et, pas de doute non plus, il mérite pleinement ce compliment servi par un jeune golfeur. Un jeune, parmi les milliers au cours de sa longue carrière, qu'il a initié aux rudiments du golf ou tout simplement aidé à s'améliorer.
Sans dénigrer quiconque, sans critiquer les choix de faire de la compétition ou d'assumer les tâches de gestion, il apparaît que la base même, la vocation première d'un professionnel ou d'une professionnelle de golf demeure l'enseignement. La transmission du savoir, le partage des connaissances, l'aide essentielle pour que le sport puisse survivre. Et cela, Jean-Marie Laforge le fait depuis 55 ans!
Cinquante-cinq années où, en plus, il est resté fidèle au même club, soit celui de La Tuque, en Mauricie, où nous sommes allés le rencontrer il y a quelques jours. Depuis le temps qu'on se disait qu'il fallait bien échanger avec ce vétéran de 88 ans qui, encore aujourd'hui, donne une quarantaine d'heures de cours de golf par semaine.
Échanger, certes, le questionner un peu aussi, bien sûr, mais surtout l'écouter. Revivre avec lui ses précieux et nombreux souvenirs. On ne s'ennuie pas du tout à l'écouter quand on sait qu'il a été derrière de très bons athlètes dont la plus célèbre reste Debbie Savoy-Morel.
«Je l'ai connue elle n'avait que 2 ans!, lance-t-il, sourire en coin. Je travaillais alors à l'épicerie et sa maman l'amenait avec elle faire les courses. Je lui donnais des suçons. Je n'aurais pas cru à ce moment que, quelques années plus tard, je lui donnerais des cours de golf et qu'ensuite elle deviendrait la grande golfeuse que l'on connaît aujourd'hui.»
Nous nous étions entendus de jouer le parcours de La Tuque ensemble tout en faisant l'entrevue. Mais juste avant d'aller s'élancer au premier trou, un grand ado se pointe et le pro l'interpelle.
«Il faudrait bien que je te filme à nouveau, suggère-t-il au jeune golfeur. J'ai gardé les vidéos de toi au moment où tu commençais à jouer. On pourrait les comparer et voir ton évolution. Cela t'aiderait, j'en suis convaincu.»
L'adolescent, qui semble quelque peu timide, acquiesce poliment, de toute évidence respectueux envers celui qui lui a tout appris. Et ce dernier, on le sent alors bien enthousiaste, pépé à souhait pour enfin entreprendre la partie de golf qu'on lui a proposée, une partie au cours de laquelle il parlera encore et encore des jeunes sous son aile actuellement, comme cette jeune golfeuse qui, à sa première ronde avec lui, récemment, a déjà enregistré un par sur une normale 4.
«Elle a sorti une très belle drive, relate Jean-Marie Laforge, radieux, puis elle a frappé un beau coup de bois 5 qui a atterri dans la trappe à côté du vert. Elle a effectué une belle sortie de fosse et n'a fait qu'un seul putt! Elle promet, celle-là!»
Les anecdotes de la sorte se poursuivent tout au long des neuf trous en sa compagnie. Il nous entretient sur les jeunes, évidemment, mais aussi sur les nouveaux adeptes de golf qu'il a aidés ces dernières années, eux aussi découvrant le golf en cette période Covid-19, comme cette famille où père, mère et les deux enfants sont vite devenus passionnés.
Bien sûr, il est aussi question de l'évolution de l'enseignement du golf alors que la technologie a révolutionné ce domaine au cours des dernières années.

«Moi, émet-il, quand j'ai débuté, tout se passait dans les livres de golf. J'ai tout lu à ce sujet. J'ai même appris l'anglais par moi-même pour être sûr que j'avais les bonnes connaissances. J'ai été formé comme entraîneur sportif, alors je savais l'importance d'une formation solide et uniforme qu'il fallait ensuite toujours mettre à jour.
«J'étais seul dans mon coin, ici, à La Tuque, poursuit-il, alors il fallait bien que je m'organise avec mes troubles quand ils se présentaient. Et quand ça ne marchait plus, je filais à Trois-Rivières consulter des gars comme Gilles Bourassa ou Georges Arnold. Ils m'ont tellement aidé.
«Par la suite, continue M. Laforge, l'association des pros a commencé à donner des cliniques de formation chaque année. J'y participais religieusement. C'est dommage qu'elles aient disparu, ces cliniques.»
Puis on aborde le parcours sur lequel nous nous élançons depuis quelques trous. Le terrain de La Tuque compte neuf trous que Jean-Marie Laforge connaît par cœur, aucun endroit sur le parcours lui est inconnu et il a encore bien en tête toutes les modifications qui ont pu y être apportées au fil des ans, du moins depuis 1967, année où il a débuté comme pro.
«Il y a de l'espace suffisant, tout autour du terrain, pour y construire un autre neuf trous, estime-t-il. C'est dommage que les différentes administrations qui se sont succédé n'ont jamais voulu développer un 18 trous à La Tuque. On n'attire pas les golfeurs visiteurs avec un 9 trous.»
Mais que le terrain de La tuque compte 9 ou 18 trous dans l'avenir, Jean-Marie Laforge sera toujours de la partie, promet-il.
«J'entends bien continuer d'enseigner jusqu'en 2027. Ce serait bien d'atteindre les 60 ans!»
jean marie laforge
tres bien expliqué Merci pour tout ….Merci de votre visite ce fut très agréable de jouer avec vous jml