Daytona Beach, Floride – La balle reposait dans l'herbe longue, très longue, au 16e trou du parcours Hill au LPGA International, à Daytona Beach. Les pieds plus haut, un fer 4 dans les mains, Maude-Aimée Leblanc s'est élancée gracieusement pour faire voler la balle sur une distance de plus de 180 verges et ainsi faire tomber la balle sur le vert. Elle calait ensuite l'oiselet!
«C'est la shot of the day! Non, c'est carrément LE coup du tournoi!», s'exclamait Gaston Leblanc, le papa de la golfeuse, visiblement fier de sa grande fille.
«Ouais, glissa pour sa part la principale intéressée, à la fois ravie et modeste, c'est probablement un oiselet qui entre dans mon top 3 de tous mes birdies en carrière!»
Cela se passait lors de la dernière ronde des qualifications de la LPGA, le 6 décembre dernier, qualifications où Maude-Aimée Leblanc de Sherbrooke a terminé quatrième, à égalité avec une autre golfeuse, pour ainsi se mériter sa carte pleins droits du grand circuit. Elle y revient après deux saisons sur le Symetra Tour, le circuit école.
Sa place
De la manière dont Maude-Aimée jouait en 2015 sur le Symetra, il était clair que cette étape de qualifications n'était pour elle qu'un passage obligé car, pas de doute, elle a sa place sur le circuit de la LPGA. Elle avait terminé 14e chez les boursières et il fallait être parmi les dix premières pour éviter le Q-School. Elle n'était qu'à 3000$ de bourses de différence avec le 10e rang. Rendu là, on parle de joueuses de même calibre, carrément.
Et Maude-Aimée Leblanc l'a prouvé avec son attitude et son jeu, très, très à point, tout au long des cinq journées de qualifs. Elle frappait la balle avec aplomb et rien ne semblait pouvoir la distraire dans sa mission de regagner le grand circuit, pas même la foule qui la suivait.
Car aucune autre joueuse, lors de cet événement, n'obtenait autant d'attention de la part des spectateurs, même pas Simin Feng, cette golfeuse chinoise qui a mené le tournoi du début à la fin, terminant à moins 18, alors que ses plus proches rivales ont fini à moins 11. Maude-Aimée, elle, a conclu avec un total de moins 10.
La favorite
«Cela ne me crée pas de stress supplémentaire, toutes ces personnes qui me suivent et m'encouragent. Au contraire, cela m'aide, je garde davantage le focus, je me concentre encore plus», confiait l'athlète lorsque rencontrée à l'issue du tournoi.
Peu avant, nous avions abordé son papa justement à ce sujet: «Dites, M. Leblanc, êtes-vous surpris ou, encore, êtes-vous flatté par le fait que c'est votre fille qui attire le plus de spectateurs autour d'elle, que ce soit elle la favorite de la foule?»
La réponse ne s'est pas fait attendre: «Pas du tout, de lancer Gaston Leblanc avec un brin de fierté dans la voix. D'abord, c'est sûr qu'il faut tenir compte qu'il y a beaucoup de Québécois dans les environs et qu'ils sont venus l'encourager. Mais c'est sûr aussi que Maude-Aimée, ce n'est peut-être pas nécessairement la meilleure, mais c'est la plus spectaculaire! Vous avez vu son coup de fer 4 au 16e trou? En plus, elle frappe loin la balle et cela, les gens aiment.»
Le plus beau jour

M. Leblanc ajoutait, cette fois plus ému que fier: «C'est le plus beau jour de ma vie!»
Ce bon golfeur, qui a toutefois fait davantage sa marque au billard (il a déjà été 3e au monde), ne cachait pas sa joie de voir sa fille retourner sur la LPGA. Il croit lui aussi, sans l'ombre d'un doute, qu'elle est à sa place sur ce circuit. Quant à la première intéressée, Maude-Aimée, elle restait modeste devant le succès mais au fond d'elle-même, elle savait que son jeu était à point, qu'elle est vraiment de ce calibre.
La longue cogneuse (l'an passé, à ce même tournoi, j'avais été témoin d'une drive de 296 verges qu'elle avait dévissée au 18e trou du parcours Jones) amorce donc 2016 là où elle mérite d'être. Va-t-on voir son nom régulièrement dans le haut des classements? Difficile à dire car le niveau est tellement élevé. On parle quand même de représentantes d'un continent sur un circuit mondial!
Ce qui est toutefois facile à dire, c'est que si vous avez la chance d'être témoin de son jeu, vous ferez la même analyse que son père, vous verrez une joueuse spectaculaire.
Jean-Nil Desgagné
Bravo, Maude-Aimée et bonne chance pour 2016. Tu as travaillé fort et tu le mérites.