Île Perrot – Le temps d'un court coup roulé, tout a changé. Quelques secondes plus tôt, il ventait fort, certes, mais on était au sec. Puis, subitement, ce même vent s'est déchaîné, amenant avec lui une pluie torrentielle, écrasant sur son passage des arbres matures dont les branches ainsi cassées s'envolaient dangereusement au-dessus de nos têtes…
Cela se passait jeudi dernier, sur le parcours de golf Atlantide, sur l'Île Perrot. Les surintendants de golf du Québec y tenaient un tournoi amical.
La journée se déroulait bien jusque-là. D'accord, au loin, on voyait bien que le ciel se troublait. Mais justement, c'était au loin.
Puis nos téléphones se sont tous mis à émettre un son strident. Tiens, tiens, une alerte AMBER, qu'on s'est dit sans regarder. Quelques minutes plus tard, même son aigu, et carrément énervant, qui retentissait sans qu'encore là on ne prenne la peine de lire le message.
Mais on aurait dû… Car ce message disait de se mettre à l'abri tout de suite, un risque très, très élevé d'orage violent se pointait. Ce ne fut pas qu'un orage violent, ce fut une tornade, rien de moins, dans laquelle nous nous sommes retrouvés coincés.
Après le putt de routine au sec, après qu'une trombe d'eau se soit abattue sur nous, nous avons roulé à travers les débris qui virevoltaient déjà au-dessus de nos têtes, jusqu'au petit casse-croûte entre les neuvième et dixième trous. Ses murs en blocs de béton nous ont sauvés. Nous nous y sommes réfugiés en restant bien appuyés contre les parois pour réduire les effets du vent en furie sur nous.
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C'était tout à fait insensé! Le tourbillon fou ravageait tout. Sous nos yeux, à trois mètres de nous à peine, deux énormes arbres se couchaient soudainement par terre, déracinés!
Cela a duré quoi? Cinq minutes? Un peu moins ou peut-être plus, difficile à dire. On souhaitait juste que cela s'arrête.
Et bien sûr, ce fut le cas. Tout le monde est alors rentré docilement au chalet du club, se frayant un chemin à travers les milliers de branches cassées jonchant les allées ou en contournant les arbres au sol.
Une fois tous de retour, on apprenait que cette même tornade venait, quelques instants plus tôt, de faire des ravages importants dans le secteur d'Ottawa. Puis chacun, instantanément, racontait ce qu'il venait de vivre, ce dont il avait été témoin, comment il s'était mis à l'abri, comment un arbre tout près s'était cassé en deux, comment un débris quelconque avait tourbillonné non loin, bref chacun évacuait.
Puis le président de l'association des surintendants, Jean-René Lessard, s'est approché de nous: «Vous allez avoir quelque chose à écrire!», a-t-il lancé en référence à ce moment particulier et apeurant qu'on venait de vivre.
À nos côtés, Claude Frénettte, surintendant au Lac Saint-Joseph, ajoutait: «C'est vrai qu'il faut écrire là-dessus. Les gens, les golfeurs, doivent avoir conscience que lorsqu'il y a des alertes météo sur un terrain de golf, il ne faut pas prendre cela à la légère. Parfois c'est peut-être moins grave que ce qu'on annonçait mais parfois, comme on vient de le vivre, ça peut être extrêmement dangereux. Quand on entend la sirène invitant les golfeurs à se réfugier, il faut tout de suite le faire.»
Voilà, vous l'aurez deviné, c'est cela la morale de ce récit…