- Québec – En juillet dernier, une vague de chaleur extrême s'est abattue sur l'Écosse. Dans sa chambre d'hôpital, où il reposait à la suite d'une crise cardiaque, le pro québécois Ben Boudreau suffoquait: «Je venais en plus d'attraper la Covid. Alors je faisais 40 de fièvre pendant qu'il faisait 30 degrés de chaleur à l'extérieur!»
En juillet dernier, l'aventure écossaise de celui qui est professionnel en titre au Parcours du Cerf et qui rêvait de se qualifier pour le British Open Senior, s'est davantage transformée en véritable cauchemar, frôlant même la mort à un certain moment.
Récemment de passage dans la Capitale Nationale, on se retrouve en sa compagnie dans un resto pour un petit déjeuner. On voulait prendre de ses nouvelles et, du même coup, l'entendre nous raconter sa mésaventure, pas nécessairement tourner le fer 8 dans la plaie en ressassant des moments pénibles, mais juste raconter son histoire et, peut-être, comprendre…
Comprendre pourquoi un type de sa stature, athlétique, sans antécédents de maladie quelconque et d'un calme toujours contenu, pouvait du jour au lendemain «tomber» ainsi. Le principal intéressé n'avait toutefois pas de réponse précise à donner:
«Je ne sais pas pourquoi tout cela m'est arrivé, même les médecins qui m'ont traité ne comprennent pas trop, mentionne Ben Boudreau. Je ne fais pratiquement pas de cholestérol, je m'entraîne et garde la forme physique et pourtant, j'avais des artères bloquées. Peut-être que je mangeais trop salé jusque-là? En tout cas, depuis, les chips et le jambon ont pris le bord!»
Petit rappel des faits: juillet dernier, Ben Boudreau et deux autres pros du Québec, Jean Laforce et Serge Bernier, débarquent en Écosse pour participer au Monday Qualify du British Open Senior. Quelques jours avant l'événement, ils se rendent au fameux club Carnoustie, pas pour y jouer, mais juste visiter les lieux. Et c'est là que les malheurs du pro du Parcours du Cerf à Longueuil ont débuté.
«Je me suis approché du vert de pratique, relate-t-il, mais pour l'atteindre, je devais chevaucher une petite clôture d'à peine deux pieds de haut. Dès lors, j'ai senti ma poitrine se resserrer tel un étau, compressant mes poumons. Je n'arrivais plus à respirer ou presque. Cela a duré près de 20 minutes. J'ai appris par la suite que je venais de faire une crise d'angine.»
C'était tout de même un signal mais quand tu es en Écosse pour le golf, il faut croire que ça prenait une plus grosse alerte pour l'obliger à consulter…
«Le lendemain nous sommes allés à St. Andrews où se tenait le British Open, de poursuivre le pro. Tout s'est bien passé puis, Jean et Serge ont suggéré d'aller visiter Edimbourg. Je me sentais fatigué, alors j'ai plutôt regagné ma chambre d'hôtel. Deux heures plus tard, je pensais crever seul dans ma chambre. J'avais un point au cœur très, très douloureux. J'ai fait une crise cardiaque. J'ai réussi à alerter les gens à la réception de l'hôtel. Cela a pris une heure avant qu'une ambulance se pointe et m'amène à l'hôpital.»
Donc, plutôt que de vivre une expérience de golf unique en Écosse, Ben Boudreau a été hospitalisé pendant une dizaine de jours. Ses compagnons de voyage, Jean Laforce et Serge Bernier ont pu, quant à eux, faire la qualification du lundi mais n'ont pas été en mesure d'accéder au tournoi.
«Ils ont été aux petits soins avec moi, souligne Ben Boudreau. Après les qualifs, Serge a dû retourner au Québec mais Jean est resté avec moi. Comme j'avais la Covid, on se voyait mais on gardait nos distances.»
«Tu nous as fait peur»
Après la crise cardiaque, des épisodes d'angine de poitrine sont survenus. Même de retour au pays, la petite pompe de nitro a servi. Alors les cardiologues ont fouillé et là, ils ont bien vu les artères bloquées.
«Ils m'ont mis 2 stents et depuis, ça va mieux», précise-t-il.
Ben Boudreau l'admet volontiers, il est une personne calme, très calme, et quand le niveau de stress augmente quelque part, lui, c'est l'inverse qu'il vit, il devient encore plus calme.
«C'est de cette façon que j'ai passé à travers cela, soutient-il. Il ne servait à rien de paniquer, c'était la fatalité, même si je m'étais plaint, cela n'aurait rien changé.»
Quand il a fait un retour au travail, toutefois, il a pris davantage conscience du drame par la réaction des gens qu'il côtoyait.
«Ouf!, lance-t-il encore étonné, je ne croyais pas qu'autant de gens m'aimaient! Tout le monde prenait de mes nouvelles, même encore aujourd'hui! La phrase que j'ai entendue le plus ces derniers mois c'est: »Tu nous a fait peur ».»
En juillet dernier, tout aurait pu basculer dramatiquement pour Ben Boudreau. Mais qu'en sera-t-il en juillet prochain?
«Je serai sûrement en compétition quelque part et toujours au poste au Cerf», assure-t-il, sans la moindre incertitude.