«Honnêtement, les deux dernières semaines de mars sont mes deux plus grosses semaines de l'année. Les pertes sont énormes!», émet sur un ton abattu Pierre-Luc Martel, propriétaire du centre de golf intérieur V-Golf dans le secteur Cap-Rouge, à Québec.
Évidemment qu'il n'avait pas le cœur à la fête quand nous l'avons joint, en début de semaine, alors qu'il venait d'apprendre qu'il devait fermer son établissement en raison des nouvelles mesures gouvernementales pour contrer la pandémie associée au coronavirus.
«C'est vraiment le top de ma saison, a-t-il ajouté. Les ligues de golf sont en pleine action et c'est aussi la période où plusieurs viennent se dénouer les muscles avant leur voyage de golf printanier ou tout simplement avant le début de la saison au Québec. C'est deux dernières semaines de mars représentent une part très, très importante de mon budget annuel.»
Comme d'autres entrepreneurs pris dans cette pénible situation, M. Martel espère que les compensations gouvernementales vont être à la hauteur.
«Je dois continuer à payer mes charges dont le loyer», a-t-il rappelé.
Centaines d'annulations
»J'avais 71 groupes de réservés d'ici la fin d'avril. À peine deux ou trois ont décidé malgré tout de venir jouer au golf à Myrtle Beach, se disant au diable le virus. Mais le reste, tous les autres, ils ont tous annulé. Et comme nous remboursons au complet les forfaits que les gens prennent avec nous, tout mon travail, depuis quelques jours, est consacré uniquement à cela.»
Le Montréalais d'origine J.T. Kobelt, propriétaire de MyrtleBeachGolf.ca, n'avait pas plus d'entrain lui non plus quand on lui a parlé il y a quelques jours. Et pour cause avec toutes ces annulations à une époque propice aux voyages de golf dans ce qu'on appelle La Mecque du golf en Amérique, soit Myrtle Beach en Caroline du Sud.
«Et dire que cette année, de souligner M. Kobelt, les conditions de terrain sont excellentes, d'une qualité rare!»
Bien sûr, il n'est pas le seul chez nos voisins du sud à composer avec cette situation. C'est le cas entre autres de grossistes à Ocean City, Delaware.
«Nous avons annulé tous nos groupes canadiens prévus en mars et début avril. On parle de centaines de rondes de golf. C'est certainement une grosse perte pour les terrains, les hôtels, les restaurants. Je ne sais pas comment nous pouvons compenser ces pertes. Espérons que les gens reprogrammeront une fois que tout se sera calmé. Certains pourraient venir à l'automne à la place, d'autres pourraient simplement sauter le voyage de printemps cette année et ne pas voyager avant l'année prochaine», de confier Anna Akerstrom-Ethridge de Ruark Golf à Ocean City, un groupe comptant cinq terrains de golf de haut de gamme.
«Cette année, reprend J.T. Kobelt de MyrtleBeachGolf.ca, c'est catastrophique. Il arrive, d'une année à l'autre, que l'on doit suspendre les activités pour une semaine en raison des ouragans. Mais là, pour un mois au complet et même plus, c'est du jamais vu.»