Québec – Un jour, l'opportunité s'est pointée et Mathieu Rivard l'a saisie. Il a troqué ses bâtons de golf pour une boîte à outils et aujourd'hui, après avoir gravi les échelons au golf, il monte sur des échafauds et construit des maisons.
«Il y a deux ans, dit-il lorsque joint au téléphone, l'occasion de partir en business s'est présentée. Le moment était bien choisi, je crois. Je n'étais vraiment pas convaincu que je parviendrais à gagner convenablement ma vie avec le golf de compétition, alors j'ai décidé de faire le saut dans la construction. Je suis les traces de mon père!»
Il fut un temps pas si lointain, en Estrie, sa région natale, où lorsqu'on entendait parler de Mathieu Rivard, c'était à propos de ses exploits au golf. Maintenant, c'est au sujet de ses nouveaux projets de construction, lui qui est à la tête de Les Habitations Mathieu Rivard.
«Mon père est promoteur immobilier, précise-t-il, et avec lui, nous entreprenons un gros développement, près de Granby. Nous menons un projet de construction sur pas moins de 400 terrains près du lac Boivin. C'est un beau projet!»
Joueur dominant
Autant à l'époque où il faisait de la compétition au niveau junior, que celle où il rivalisait avec les golfeurs amateurs, Mathieu Rivard a été un joueur dominant au Québec. Un bel espoir, une étoile montante et pour cause avec tous les trophées qu'il avait soulevés jusque là! Il a été quatre fois sur l'équipe canadienne, il a remporté trois fois le Championnat provincial et gagné deux fois l'Ordre du mérite, deux fois également il a tenu à bout de bras le trophée du Duc de Kent, soit deux années de suite en 2008 et 2009. Il a déjà obtenu une 6e place sur la scène mondiale, lors du Championnat junior à San Diego.
Puis il a fait le saut chez les pros. Il n'avait que 19 ans mais bon, le talent était là et plusieurs prédisaient à ce jeune athlète doué, un très bel avenir.
Sa carrière de pro fut toutefois assez brève. Il a quand même goûté au Canadian Tour, à l'AGP du Québec et aux minis tours du sud des États-Unis. Il a même déjà eu comme entraîneur Brian Mogg, un coach qui guide certains joueurs de la PGA, dont D. A Points.
«Cela n'a pas été facile, avoue-t-il sans gêne. Te retrouver toujours tout seul, à l'autre bout du pays, à tout donner au golf sept jours sur sept, n'être jamais chez soi et vivre seul les bons comme les mauvais moments… Sur le Canadian Tour, j'ai évité la coupure seulement deux fois sur 10 tournois! Rien pour s'encourager.»
La confiance disparaît

Le jeune golfeur continuait d'y croire, nourrissait sa passion et voulait malgré tout se rendre là où il visait, soit la PGA. Puis un doute s'est créé et là, il a décidé d'arrêter.
«J'ai perdu confiance, précise-t-il. La confiance avait disparu et quand cela arrive, difficile de rester motivé. C'est déjà très dur d'être constant au golf, ce l'est encore plus à ces niveaux professionnels, et quand la confiance n'y est plus, c'est encore pire. Je n'avais plus de fun, je ne m'amusais plus et je tournais en rond. Il fallait arrêter.»
Comme mentionné au début, une occasion s'est présentée et il l'a saisie. À 25 ans, il dirige une entreprise de construction, soit deux ans après avoir serré ses bâtons.
«Je ne me voyais pas, explique le jeune entrepreneur, à 27 ou 28 ans avec rien devant moi, advenant que cela ne fonctionne dans cette démarche vers les circuits professionnels. La possibilité de me lancer en affaires se présentait, j'avais 23 ans et ce n'était plus agréable de faire de la compétition, alors j'ai choisi cette voie. Et je ne le regrette vraiment pas, aujourd'hui.»
Peut-être que…
Mathieu Rivard croit qu'on verra bientôt des Québécois sur les grands circuits. Il rappelle qu'il a côtoyé, sur l'équipe canadienne et lors des différentes compétitions à travers le pays, des types comme Roger Sloan et Nick Taylor, deux joueurs canadiens qui ont maintenant leur carte de la PGA et qui tirent leur épingle du jeu sur ce circuit. Ce qui lui donne espoir de voir effectivement des athlètes du Québec atteindre eux aussi ce niveau.
Mais qu'en est-il de lui, Mathieu Rivard? Tentera-t-il sa chance à nouveau un de ces jours?
«Peut-être que… soupire-t-il au bout du fil. Pour l'instant, je ne joue même plus, mais la porte n'est pas nécessairement fermée. Une fois que l'entreprise sera bien en place, que les affaires rouleront comme je le souhaite, cela se peut que je m'y remette. On ne sait jamais…»
Ces derniers mois, sa relation avec le golf s'est davantage limité à agir comme cadet, de temps à autre, pour sa bonne amie Maude-Aimée Leblanc qui flirte avec la LPGA. L'automne dernier, il était à ses côtés quand la grande blonde a participé aux qualifications pour le circuit féminin majeur.
Est-ce vraiment possible qu'un aussi bon joueur ne touche plus à ses bâtons? «Oui, d'accord, admet-il, j'ai joué une fois, l'été dernier.»
Ce fut une bonne partie? «Oui, confie-t-il peu enthousiaste, il y a eu de bons et de mauvais coups.» D'accord, mais cela ne dit pas combien? «Bah! rien de particulier, la normale, quoi!»
D'accord, bien sûr… rien de particulier… Et il ne touche même plus à ses bâtons!
(À suivre lundi: Dave Kelly n'a aucun regret…)